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Entretien avec Estelle Ebenga Hénot: nouvelle artiste accompagnée par Get Down
Dans le cadre de sa nouvelle collaboration avec Get Down, nous souhaitons vous présenter Estelle Ebenga Hénot, chorégraphe de la Compagnie Ilondzo. Son parcours inspirant, son style artistique unique et ses créations engagées font d’elle une figure montante de la scène chorégraphique contemporaine. Estelle, qui mêle hip hop, slam et krump, s’engage avec passion dans cette nouvelle aventure aux côtés de Get Down, une collaboration marquée par des valeurs communes.
Get Down: Peux-tu nous parler de ton parcours artistique ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans la danse ?
Estelle: J’ai commencé la danse très jeune, dès mon enfance. À 13 ans, j’ai intégré l’école de danse Dans La Rue La Danse, et cela a marqué le début de ma passion. J’ai participé à de nombreux battles, aussi bien en France qu’à l’étranger, à travers l’Europe. La danse a toujours occupé une place centrale dans ma vie, même si, au départ, je travaillais dans le domaine du marketing et de la communication en entreprise. Mais autour de mes 30 ans, j’ai pris conscience que ma véritable passion était la danse, et j’ai décidé de m’y consacrer pleinement.
J’avais déjà eu des expériences en travaillant avec quelques chorégraphes sur divers projets. Et c’est ce qui m’a donné envie d’aller plus loin dans la création et la chorégraphie. C’est là que j’ai eu l’idée de créer ma propre compagnie. Il y a environ cinq ans, j’ai décidé de me lancer et de créer un solo afin de raconter mon histoire, mes expériences personnelles. C’est ainsi qu’est née la Compagnie Ilondzo. Mon premier projet était un solo qui mélangeait la danse et le slam, une forme d’expression qui me permet de combiner mes passions pour l’écriture, la parole et la danse.
GD: Quels projets ou collaborations marquants as-tu réalisés avant la création de ta compagnie ?
E: J’ai eu la chance de travailler avec plusieurs chorégraphes talentueux tels que Florent Mahoukou en 2014 pour un projet avec la MPAA, ainsi que Fabrice Labrana sur l’événement Fluidifions la Street en 2012, ou encore, en 2019 avec Hubert Petit Phar et les Laboratoires d’Aubervilliers ; ces projets m’ont permis de mieux comprendre le travail en Compagnie et l’univers de la création scénique. Par ailleurs, j’ai également collaboré avec Romuald Brizolier pour l’ouverture du Flow – Centre Eurorégional des Cultures Urbaines à Lille.
Ces expériences ont été très enrichissantes et ont clairement contribué à façonner ma vision artistique et ma manière d’aborder la création chorégraphique.
GD: Comment décrirais-tu ton style artistique et les thèmes que tu aimes explorer dans tes créations ?
E: Mon style artistique est principalement ancré dans le hip-hop freestyle, une forme de danse que j’apprécie énormément pour sa liberté d’expression. Je m’efforce d’explorer le freestyle en profondeur, en y intégrant d’autres éléments, comme le krump très récemment.
J’aime aussi combiner différentes formes d’expression, comme le slam, un art de la parole très proche de la poésie, que je pratique depuis toute petite. Influencée par la culture afro-américaine, j’intègre le slam dans mes spectacles, qui se rapproche aussi du griot dans la culture africaine ; ce qui me permet de m’exprimer non seulement avec mon corps, mais aussi avec ma voix, combinant ainsi l’expression corporelle et vocale, ce qui m’est essentiel.
Concernant les thèmes, j’aborde souvent la quête de soi. Je suis constamment en recherche personnelle, essayant de comprendre qui je suis, d’où je viens, ce que je représente, et quelle place j’occupe dans ce monde. La représentation de la femme noire est également un sujet central dans mes créations. J’aime explorer la complexité et la beauté de notre société.
GD: Peux-tu nous parler de tes créations, ton solo In/Her Blossom et le nouveau trio ‘Concrete Roses/Blooming Together’ ?
E: « In/Her Blossom » est ma première création, un solo qui raconte ma propre histoire, à un moment où je me questionnais beaucoup sur mon évolution en tant que femme. J’aime voir la femme comme une fleur en éclosion, avec ses différentes saisons et étapes de vie. À 30 ans, je me posais des questions sur mon identité, qui j’étais, où j’allais, et ce que je voulais accomplir. Ce solo a donc évolué avec mon parcours et mes vécus, et je pense qu’il continuera d’évoluer. À 40, 50 ou même 60 ans, il y aura toujours des choses à raconter à travers ce solo, mais de manières différentes. Pour ce solo, le poème « Phenomenal Woman » de Maya Angelou a été une grande inspiration dans mon approche de cette création.
Quant à « Concrete Roses », il s’agit d’un trio que j’ai conçu pour partager la scène avec d’autres femmes. Après avoir dansé seule, j’ai ressenti le besoin de m’entourer d’autres danseuses pour exprimer davantage de choses. J’ai donc invité Imane Gele, danseuse krump basée à Berlin, et Sandra Roberts, danseuse contemporaine basée à Amsterdam. Ensemble, nous formons « Concrete Roses », un hommage à la résilience des femmes, à leur capacité à fleurir même dans les conditions les plus difficiles. Cette création explore des thèmes comme la sororité, la force et la beauté que les femmes tirent de leurs épreuves.
Nous intégrons également beaucoup de chant et de slam dans ce projet, ce qui ajoute une dimension vocale à nos performances. C’est un challenge, mais aussi un moyen d’explorer de nouvelles disciplines artistiques, comme le krump, que j’adore.
GD: Quels sont les défis majeurs que tu as rencontrés en tant que chorégraphe ? Comment les as-tu surmontés ?
E: Le premier défi a été d’accepter le titre de chorégraphe. Venant d’un milieu amateur, notamment des battles, je ne me voyais pas au départ comme une chorégraphe professionnelle. Cela m’a demandé un gros travail d’acceptation de ma légitimité dans ce rôle. Ensuite, il y avait le défi de me lancer avec un solo. Être seule sur scène, devoir me faire confiance, c’était un véritable challenge.
Quand j’ai commencé à diriger un trio, c’était encore un autre niveau de difficulté. Je devais assumer pleinement le rôle de leader, donner des directives claires, tout en assurant que les danseuses me fassent confiance et que mes idées soient bien comprises et exprimées. C’était un vrai apprentissage, mais aussi une grande source d’inspiration et de satisfaction.
Ce qui m’a beaucoup aidée à surmonter ces défis, c’est ma foi et ma persévérance. J’ai appris à lâcher prise et à accepter d’être vulnérable sur scène, ce qui est très différent du contrôle que je pouvais avoir dans d’autres parties de ma vie, notamment lors de battles. C’est un processus continu d’évolution personnelle et artistique.
GD: Qu’est-ce qui t’a motivée à collaborer avec Get Down et quelles sont tes perspectives pour cette collaboration ?
E: Cela faisait un an que j’avais la carte de Get Down dans mon téléphone, après ma rencontre avec Camille. J’ai toujours apprécié les initiatives menées par des femmes, et Get Down, en tant qu’entreprise féminine, m’a tout de suite attirée. J’avais déjà commencé à travailler sur mon solo, mais je sentais que j’avais besoin d’un soutien professionnel, et Get Down correspondait parfaitement à cette volonté de collaboration.
Les thèmes que j’explore dans mes pièces résonnent aussi beaucoup avec les valeurs de Get Down, et l’idée de collaborer avec une agence basée en dehors de la France, dans le Benelux, me permet d’intégrer cette dimension internationale. De plus, le fait que Get Down accompagne d’autres chorégraphes femmes rend cette collaboration encore plus significative.
GD: Quels sont tes projets futurs avec la Compagnie Ilondzo ?
E: Mon objectif principal est de continuer à jouer mon solo et de développer le trio, qui est une autre étape dans ma carrière. Le trio est beaucoup plus professionnalisant, et j’ai vraiment envie que le public découvre mon travail de chorégraphe à travers cette création. J’aimerais que les publics puissent être touchés par ce que je fais, qu’ils soient sensibles à mon approche artistique.
En parallèle, je souhaite voir la Cie Ilondzo évoluer. Elle est encore jeune, mais j’espère pouvoir créer de nouvelles pièces, poursuivre mes explorations artistiques, et continuer à me développer en tant que chorégraphe. La confiance en mon travail et mes collaborations artistiques est essentielle pour y parvenir.
Get Down et Estelle ?
Dans le cadre de cette collaboration, Get Down apporte un accompagnement en diffusion de son solo In/Her Blossom, en permettant à cette création de toucher un public plus large. De plus, Get Down soutient Estelle en production et diffusion pour son trio Blooming Together/Concrete Roses, mettant en lumière la force de ses collaborations artistiques et les thèmes puissants qu’elle explore. Cette collaboration représente un soutien clé pour la promotion de son travail en France, en Belgique et à l’international.
Découvrez Estelle et ses créations sur la page dédiée de notre site
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