
Viola Chiarini : Danse, Féminisme et Guérison – Son voyage artistique
Dans l’édition de mars du Get Down Mag, Viola Chiarini nous offre un regard intime sur son univers artistique, marqué par son engagement profond en faveur de la santé mentale, son approche féministe de l’art, ainsi que sur les horizons qu’elle aspire à explorer dans ses projets futurs.
Son parcours
Dès l’âge de 7 ans, Viola plonge dans l’univers de la danse, rejoignant une école de Florence où elle affine sa passion et son talent pendant de nombreuses années. C’est à l’âge de 14 ans que sa trajectoire artistique prend un tournant décisif grâce à une professeure qui lui révèle les rythmes du hip-hop et, plus spécifiquement, du locking. Cette rencontre ouvre à Viola les portes d’un monde nouveau, peuplé de battles, de spectacles et d’événements qui viendront enrichir sa vision de la danse.
En 2014, Viola s’envole pour Paris dans le cadre d’un programme Erasmus lié à ses études en psychologie, une ville dont l’effervescence culturelle l’a toujours fascinée et où elle nourrissait l’ambition de se professionnaliser dans la danse. Malgré ses incertitudes, elle choisit de s’ancrer dans la capitale française, poussée par un désir incessant d’apprendre et de se perfectionner. C’est ainsi qu’elle s’inscrit en master de danse thérapie, conciliant ses aspirations artistiques avec son intérêt pour la psychologie.
L’intégration de la santé mentale, de l’introspection et de la gestion des émotions dans ses créations découle naturellement de son parcours académique et personnel. Viola Chiarini se dévoile comme une artiste engagée, dont l’œuvre danse au rythme de ses convictions. Son art est d’abord et surtout un vecteur de bien-être et de réflexion sociale.
Armonia
L’œuvre Armonia de Viola Chiarini incarne parfaitement son dévouement artistique, présentant un solo qui explore un rituel de guérison italien ancestral, le tarantismo. Animée par une urgence créative et le désir de partager sa quête introspective et ses réflexions sur ses racines, Viola a donné naissance à Armonia au terme d’un processus de création exigeant. Au cœur de ce spectacle réside le tarantismo, une tradition folklorique enracinée dans les Pouilles, au sud de l’Italie, émergeant d’une croyance ancienne selon laquelle la morsure venimeuse de la tarentule plongeait ses victimes, souvent des femmes, dans un état de folie nécessitant un rituel de guérison par la musique et la danse. Ces femmes, accablées par les exigences du patriarcat, trouvaient dans ce rituel un moyen de libération.
La guérison par le tarantismo se fait au rythme de danses frénétiques et de musiques captivantes, jouées par des musiciens locaux, permettant aux victimes de se libérer symboliquement du poison de la morsure. Armonia tisse ensemble l’art, la danse-thérapie, et une forme de féminisme.
« Je ne sais pas si je me qualifierai de militante comme les autres, mais j’essaye à ma manière, avec mon art de transmettre des outils en accord avec mes valeurs. »

Ses engagements
En dehors de ses projets artistiques, Viola, en tant que danse-thérapeute, invite les femmes ayant subi des violences à exprimer et à se libérer à travers le mouvement. Depuis trois ans, elle anime des ateliers à La Maison des Femmes de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, offrant un espace sécurisant où la danse permet d’évacuer les maux.
Au-delà de son œuvre, Viola porte des messages féministes et un militantisme qui se reflètent aussi dans ses collaborations, comme avec la pièce Royaume de Hamid Ben Mahi, qui donne la parole aux femmes et souligne les inégalités qu’elles endurent.
Avec des ambitions grandissantes, Viola s’apprête à relever de nouveaux défis en tant que chorégraphe et directrice artistique pour sa deuxième pièce, après son impactant solo. Parallèlement, elle se lance dans une formation d’actrice, non pas pour s’éloigner de la danse, mais pour enrichir son spectre artistique.
Retrouvez Viola et sa vision de l’art dans son spectacle Armonia, le 22 mars à CORSO et le 23 mars à MARS (Mons arts de la scène) dans Guerrières.
(c) Benoît Fanton