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De la quête personnelle à la scène : le parcours artistique d’Anna Karenina Lambrechts

De la quête personnelle à la scène : le parcours artistique d’Anna Karenina Lambrechts

Son parcours artistique : Krump, danse contemporaine et danse traditionnelle philippine

La danse a toujours fait partie de ma vie. Dès mon plus jeune âge, elle s’est imposée à moi comme une évidence, une manière d’exister et de m’exprimer. J’ai commencé à danser à l’âge de six ans, partout où je pouvais : à la maison et à l’école. Cette passion a conduit mes parents à m’inscrire dans une école de danse, où j’ai découvert différents styles de danse: la danse contemporaine, le ballet classique, la danse jazz,.. 

Quand j’étais petite j’ai également fait la danse traditionnelle Philippine et je participais aux événements organisés par la communauté philippine. Ces moments de partage ont renforcé mon lien avec mes racines et enrichi mon exploration de la danse traditionnelle philippine. Plus tard, j’ai intégré une académie de danse aux Pays-bas, avant de rejoindre plusieurs compagnies de danse contemporaine à Bruxelles, notamment Anton Lachky Company et Ultima Vez.

Il y a trois ans, ma trajectoire artistique a pris un tournant décisif avec la découverte du krump. Depuis longtemps fascinée par cette culture, je passais des heures à regarder des battles sur YouTube, admirant des danseurs comme Tight Eyez et Mijo. Pourtant, il m’a fallu du temps avant d’oser franchir le pas. C’est lors d’un battle krump au Zinnema  que j’ai ressenti l’énergie brute du krump, son intensité et l’esprit de communauté qui s’en dégageait. Ce fut une révélation. Évoluant en danse contemporaine, je n’osais pas franchir le pas pour me lancer dans le krump. Je ne savais même pas où faire des cours. Dès lors, j’ai contacté Hendrickx Ntela pour prendre des cours privés et aujourd’hui, je fais partie de sa fam. En Krump, une « fam”, c’est un groupe de krumpeur.euse.s réunis autour d’un « Big Homie », qui joue un rôle de mentor. Ma « Big », Hendrickx, nous guide dans notre pratique du krump et partage son expérience avec ses « Lil Homies », créant ainsi un véritable esprit de famille.

J’ai vraiment commencé en testant juste pour voir ce que cela donne. Est-ce que c’est une discipline faite pour moi? Je ne m’attendais pas à ce que cela ait un impact aussi profond sur ma vie. 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans la danse et ton style artistique?

Mon langage chorégraphique est un mélange vivant de toutes mes influences : la danse contemporaine, la danse traditionnelle philippine, le krump, mais aussi les arts martiaux et le floorwork. Mon style est marqué par mon côté explosif et dynamique, avec une attention particulière portée aux contrastes et aux textures du mouvement. 

J’aime également travailler sur les oppositions : tant  la féminité que la masculinité, la fragilité et la puissance et le monde oriental et occidental. Cela crée une harmonie, ce qui est aussi intéressant parce que c’est nourri par des éléments très opposés. Je pense que mon style de danse, c’est vraiment juste moi.

Le krump, en particulier, m’a permis de me reconnecter à mes racines philippines. J’ai découvert qu’il y a une grande communauté de krumpers aux Philippines et cela a renforcé mon sentiment d’appartenance. Ce style est devenu bien plus qu’une simple forme d’expression pour moi : il est un lien entre mes racines et mon identité multiculturelle.

From Gravity to Grace : ma nouvelle création

Dans mon solo « From Gravity To Grace » j’entraîne le public dans un voyage émotionnel où je retourne à mes racines en tentant de les comprendre, les transmettre et les sublimer. C’est une recherche artistique visant à créer une identité où plusieurs styles, danses, cultures et traditions peuvent coexister. J’essaie d’embrasser pleinement toutes ces formes qui font partie de moi.  

Même si ces styles sont très distincts, la danse traditionnelle philippine est fluide et gracieuse, tandis que le krump est plutôt brut et puissant. Ils partagent des points communs, comme l’importance des mains dans l’expression du mouvement. C’est ce jeu entre contrastes et résonances que je mets en avant dans mon spectacle, en créant des instants où les styles s’opposent, mais aussi d’autres où ils s’entrelacent naturellement.

Ce solo est un projet qui me tient profondément à cœur. C’est une recherche très personnelle, et pouvoir la partager avec un public a une signification immense pour moi. C’est véritablement le projet de ma vie, un reflet de tout ce que je suis. Monter seule sur scène me rend plus vulnérable, mais en même temps, je me sens prête à partager tout ce que j’ai découvert, exploré et ressenti. J’ai tellement hâte de la première !

Quelle sont les émotions que tu veux transmettre dans un spectacle ?

Pour moi, il est essentiel d’avoir un vrai contact avec le public, de créer un lien avec eux et de leur transmettre des émotions. Mon spectacle raconte une histoire personnelle, celle de mon identité multiculturelle. Mais au-delà de ça, c’est aussi une histoire universelle.  

Dans mon spectacle, je pose la question «  Qui suis-je ? », une question profondément universelle. Le message que je veux faire passer, c’est que l’identité multiculturelle peut parfois s’accompagner de confusions, de frictions, de conflits, voire de rejets mais il y a aussi énormément de beauté et de force. Mon spectacle est surtout un hommage à l’identité multiculturelle. J’invite donc le public à un voyage émotionnel, à ressentir, à vivre l’émotion. Peut-être qu’ils ne comprendront pas tout, mais l’important, c’est ce qu’ils ressentiront.  Chacun les perçoit à sa façon, et c’est très bien ainsi. Mon spectacle laisse place à l’interprétation, offrant à chacun une source d’inspiration, de motivation ou une résonance personnelle.

Défis que tu as rencontré en tant que danseuse, et comment tu les as surmontés ?

Je crois que le plus grand défi pour moi aujourd’hui, c’est la transition entre danseuse et chorégraphe. J’ai fait partie de nombreuses compagnies, et c’est une expérience totalement différente.  Quand on danse pour une compagnie, on peut se concentrer uniquement sur le processus artistique. Mais en tant que chorégraphe, il y a énormément d’autres aspects à gérer : la production, la recherche de partenaires, le budget, le planning, la constitution de l’équipe… Autant de choses auxquelles on ne pense pas forcément au départ et que j’ai dû apprendre à maîtriser.  

Heureusement, je peux compter sur de précieuses collaborations. Par exemple, Get Down m’aide pour la diffusion. J’ai la chance d’être entourée d’une équipe qui m’accompagne sur tous ces aspects nécessitant une expertise spécifique. Cela me permet d’évoluer dans ce domaine tout en restant centrée sur l’artistique.

Projets futurs : As-tu d’autres projets que From gravity to grace pour l’avenir ?

Pour l’instant, je commence avec un solo, mais cette expérience me donne tellement envie de continuer à créer. À l’avenir, j’aimerais explorer d’autres formats, peut-être commencer par un duo avec un autre danseur.euse, puis évoluer vers une pièce de groupe. Ce serait une belle continuité.  Être seule dans le studio est une expérience précieuse, mais je ressens aussi l’envie de partager ce processus avec d’autres danseur.euse.s. Travailler en collectif apporte une dynamique différente, et je suis curieuse de voir comment cela pourrait enrichir mon travail artistique.


Anna à le plaisir de vous annoncer que sa première aura lieu le 3 avril 2025 au STUK à Leuven, avec une seconde date prévue le 10 avril 2025 au Senghor à la Maison de la culture à Etterbeek et une troisième date le 23 avril 2025 au Corso à Anvers-Berchem. Une belle aventure qui se concrétise bientôt !